Tu es une plateforme et t’as pas 100.000 utilisateurs, mais, “Allô quoi” !

Il n’est pas usuel de demander le montant de son salaire à un interlocuteur que l’on ne connaît pas mais il est en revanche fréquent de chercher à le “cerner” par d’autres points de repère : nombre de salariés de l’entreprise dans laquelle il travaille, présence ou non à l’international, voire niveau de chiffre d’affaires etc.

Si vous lancez une plateforme digitale destinée au monde du conseil, c’est-à-dire qui regroupe des consultants et experts pour permettre à des donneurs d’ordre (entreprises ou cabinets de conseil) de trouver l’intervenant qu’il leur faut, soyez préparés à une question sur le nombre d’utilisateurs inscrits sur ladite plateforme :

  • “Alors WeGrow : combien d’utilisateurs ?”
  • “Actuellement un peu moins de 300, avec une prévision à terme à quelques milliers seulement.”

A ce moment-là certains interlocuteurs semblent douter, habitués qu’ils sont aux chiffres tonitruants cités par certaines plateformes.

Non bien sûr qu’il soit interdit d’héberger 100.000 ou 300.000 utilisateurs sur sa plateforme, voire quelques dizaines de millions pour Linkedin, la référence des plateformes de gestion de talents (qui a bien voulu héberger ce post :)).

Mais je ne me souviens pas avoir parlé avec quiconque chez Linkedin au moment de mon inscription ni même avoir perçu l’ombre d’une sélection ou même d’une validation de ce que j’ai pu inscrire dans mon profil.

Parce que ce n’est pas le sujet dans ce cas de figure…

Ces plateformes à vocation “universelle” peuvent offrir un choix presque vertigineux à qui cherche à recruter un talent, mais… chacun est seul devant son choix !

Le rêve est alors peut-être que cela “tourne tout seul” : les utilisateurs s’inscrivent sans filtre, les clients font leur recherche sans accompagnement, et le métier – complexe – est de fournir une infrastructure web extrêmement robuste permettant d’héberger des bataillons d’utilisateurs, dont une majorité d’utilisateurs gratuits.

C’est le stade abouti de la désintermédiation qui évite le recours à un tiers (chef de projet pour les missions de conseil, consultant en recrutement pour les embauches).

A l’inverse construire un vivier qualifié d’experts prend du temps, et la recherche d’une certaine homogénéité limite la taille des plateformes qui investissent dans leur recrutement et les échanges avec leurs utilisateurs.

« Rassembler au même endroit toutes les œuvres des meilleurs peintres ne fait pas un grand musée, tout juste un entrepôt. Ce qui fait un grand musée c’est ce qui ne s’y trouve pas. Quelqu’un a dit non. » (Jason Frédéric – Rework – 2013).

La digitalisation ne signe pas la fin des professions intermédiaires qui apportent sécurité et gain de temps. Et des “boutiques” Internet ciblées et qualitatives ont de l’avenir dans le domaine des prestations intellectuelles aux côtés des acteurs à ambition internationale.

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